De Bangkok à Barcelone, voici les plus beaux vitraux entre temples, hôtels et musées
Longtemps réservés à l’architecture sacrée, les vitraux ont transcendé leur fonction liturgique pour devenir, au fil des siècles, de véritables œuvres d’art. Leur magie opère dans le dialogue entre la lumière et la matière, le récit et l’abstraction, l’intérieur et le dehors. Du musée Erawan à Bangkok aux verrières du Gran Hotel de Ciudad au Mexique, en passant par les compositions organiques du sanctuaire Dom Bosco au Brésil ou les vitraux colorés d’une mosquée iranienne, ces tableaux de verre traversent les époques et les continents. Aujourd’hui, le vitrail ne se cantonne plus aux nefs silencieuses. On le retrouve dans des musées, des bâtiments civils, des maisons privées ou des projets contemporains qui osent réinterpréter cet artisanat ancestral avec une audace nouvelle. Art décoratif par excellence, il s’invite dans les intérieurs les plus éclectiques, jouant avec les transparences, les reflets et les couleurs pour transformer l’espace et le regard. Tour d’horizon des plus beaux vitraux du monde, entre patrimoine et création contemporaine.
Conçu par l’architecte Lluís Domènech i Montaner, la Casa Lleo Morera nichée au cœur du Passeig de Gràcia à Barcelone, est l’un des joyaux du modernisme catalan. Derrière sa façade richement sculptée, cette demeure inaugurée en 1905 révèle une profusion de détails décoratifs: mosaïques colorées, sculptures florales, ferronneries ondoyantes et, surtout, de somptueux vitraux réalisés par les meilleurs artisans de l’époque. Inondant les salons de lumière tamisée, ces verrières racontent, en transparence, toute la poésie d’un art de vivre raffiné et audacieux, à mi-chemin entre nature stylisée et fantaisie architecturale. Un chef-d’œuvre total, où chaque surface devient prétexte à émerveillement.
Joyau Art nouveau niché au cœur du centre historique de Mexico, le Gran Hotel Ciudad de México séduit pour l’éclat somptueux de son plafond en vitrail signé Jacques Grüber, maître verrier de l’École de Nancy. Réalisée en 1908 et expédiée depuis la France en pièces détachées, cette verrière monumentale de plus de 20 mètres de long surplombe l’atrium avec une grâce aérienne. Ses motifs floraux stylisés et ses courbes élégantes filtrent la lumière dans une palette chaleureuse de jaunes dorés, verts émeraude et touches de rose fané. Témoin précieux du raffinement de la Belle Époque, ce chef-d’œuvre de verre donne au lieu une atmosphère de théâtre parisien figé dans le temps, mêlant luxe d’antan et mémoire coloniale. Un spectacle permanent pour les voyageurs de passage comme pour les amateurs d’art décoratif.
Véritable bijou architectural perché au cœur du Chicago Cultural Center, le dôme monumental de 11 mètres de diamètre considéré comme l’un des plus grands dômes en vitrail Tiffany jamais réalisés au monde. Réalisé en 1897 par le chef mosaïste de Tiffany, J.A. Holzer, le dôme est décoré de près de 105 mètres carrés de mosaïques colorées dont 30 000 petits panneaux de verre opalescent. Les jeux de lumière qui s’y diffusent transforment la salle en un écrin de transparence irisée, où chaque nuance semble évoluer au fil de la journée. Témoignage éblouissant du savoir-faire artisanal américain de la fin du XIXe siècle, ce chef-d’œuvre allie virtuosité technique et poésie lumineuse dans un décor néoclassique d’une rare élégance.
Au cœur de ce temple-musée hors norme, niché sous une statue monumentale d’éléphant à trois têtes, trône une coupole en vitrail aux accents mystiques. Conçue par l’artiste Jakob Schwarzkopf, elle baigne l’espace d’une lumière céleste aux nuances de bleu, d’or et de rouge. Ce chef-d’œuvre symbolise le cosmos dans la tradition bouddhiste, fusionnant spiritualité orientale et savoir-faire verrier européen dans un décor aussi spectaculaire que mystique.
Surnommée la mosquée rose, la Nasir-ol-Molk dévoile chaque matin un spectacle de lumière féerique. Ses vitraux multicolores, combinés à des arcs sculptés et des tapis persans, transforment la salle de prière en une mosaïque vivante aux couleurs vibrantes. Construit à la fin du XIXe siècle, ce joyau de l’art qajari sublime la lumière avec une poésie architecturale rare au cœur de l’Iran traditionnel.
Immersion céleste au cœur de la capitale brésilienne, avec l’intérieur du sanctuaire Dom Bosco qui est une ode mystique à la lumière et à la couleur. Conçu par l’architecte Carlos Alberto Naves et inauguré dans les années 1970, cet édifice brutaliste dissimule un univers d’une finesse insoupçonnée. Ses 80 panneaux de vitraux monumentaux, réalisés avec plus de 7 000 pièces de verre en douze nuances de bleu, transforment la lumière naturelle en une mer vibrante de reflets. À toute heure du jour, les murs semblent se dissoudre dans une atmosphère suspendue, presque irréelle. Portée par une architecture sobre et une palette chromatique d’une intensité envoûtante, cette église rend un hommage contemporain à la spiritualité et à la beauté sensorielle.
