Visites privées

Une villa emblématique de l'âge d'or de Miami, signée Fabrizio Casiraghi

En prenant le contre-pied d’un Miami désenchanté, Fabrizio Casiraghi convoque l’âge d’or d’une Floride aux antipodes de l’ennui, dans une villa à vivre comme un cliché de Slim Aarons.
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Dans le salon, Fabrizio Casiraghi orchestre un décor résolument vintage. Sous un lustre en soie signé Josef Hoffmann (1917), devant une table basse en verre et laiton de Jacques Adnet (1960), une paire de fauteuils scandinaves des années 1960 en bois et tissu sénégalais (Aissa Dione). Tapis persan de la fin du xix e siècle.© Victor Stonem
Fabrizio Casiraghi signe le décor d'une villa paradisiaque

Si ce quartier résidentiel et très chic de South Beach dénombre les plus belles villas de Miami, celle-ci jouit d’un attribut que l’on ne peut retrouver chez ses voisines... À savoir une architecture typiquement hispanique sublimée par la patine du temps, une structure agencée autour d’un patio traditionnel où colonnades et voilages immaculés racontent une histoire d’un autre temps. Cette époque, c’est celle où le président Franklin D. Roosevelt y rendait visite à son fils, propriétaire de la demeure. C’est celle des garden-parties où les flûtes en cristal s’échangeaient autour de la piscine accolée à un ponton en bois. « Nous nous sommes demandé ce qu’était Miami aujourd’hui, car c’est justement ce que nous voulions éviter », amorce Fabrizio Casiraghi, qui a su capter l’âme de cette villa dont les 700 mètres carrés exhalent le charme de la vieille Europe.

DANS LE SALON, Fabrizio Casiraghi orchestre un décor résolument vintage. Sous un lustre en soie signé Josef Hoffmann (1917), devant une table basse en verre et laiton de Jacques Adnet (1960), une paire de fauteuils scandinaves des années 1960 en bois et tissu sénégalais (Aissa Dione). Tapis persan de la fin du xix e siècle.

© Victor Stonem

Nous sommes à contre-courant des maisons en verre aux lignes contemporaines jalonnant la ville, que l’architecte estime « ne pas être ancrées dans l’ADN de Miami. Nous avons voulu redonner de la couleur, accentuer les zones d’ombre et jouer avec le passé », poursuit-il, expliquant les us et coutumes de l’époque. Point de climatisation dans les années 1950, mais de multiples lucarnes pour inviter la brise à l’intérieur, et des arches sous lesquelles dîner au frais. Là aussi, Fabrizio Casiraghi s’est amusé, peignant les poutres d’origine de tonalités orange et vertes « pour apporter encore davantage de fantaisie à cet extérieur ». Autour du patio, un jardin luxuriant se déploie, entre une végétation.abondante et une fontaine en forme de poisson, dessinée à la demande du propriétaire féru de pêche, et qui résonne comme un hommage au film Mon oncle, de Jacques Tati (1958).

LE PLAFOND DU COIN REPAS, dans la cuisine, est décoré d’une fresque peinte par l’artiste Lukas Geronimas. Devant une banquette revêtue de tissu (Annie Albers pour Christopher Farr), une chaise anglaise en bois et paille de la période Arts and Crafts. Le lustre italien en verre et laiton date des années 1950.

© Victor Stonem

Une passion commune pour la Sécession viennoise

À l’intérieur, l’esthétique européenne s’infiltre entre les murs, vogue d’un objet des années 1950 à une pièce de la Sécession viennoise, Fabrizio Casiraghi et le propriétaire partageant la même passion pour cette période et pour le style autrichien des années 1930 – en témoignent les précédents projets de l’architecte d’intérieur.

DANS LA CUISINE, sous une fresque de Lukas Geronimas, l’îlot est éclairé par des suspensions vintage.

© Victor Stonem

Une enfilade avec des arches à la symétrie parfaite relie le salon et la salle à manger au bureau de madame, élégamment verni d’un bois foncé en all-over, que Fabrizio Casiraghi aime utiliser d’un appartement à un autre. « Nous avons chiné la totalité du mobilier, du service dînatoire à l’ensemble de la vaisselle en passant par les œuvres d’art et le mobilier », poursuit l’architecte, nous expliquant comment la villa Santo Sospir, décorée par Jean Cocteau, a inspiré le décor de la salle à manger, la tapisserie murale faisant résonner les réminiscences d’un sud de la France solaire, à la frontière de la Riviera italienne.

DANS LA GALERIE DU PATIO, une salle à manger d’été plante le décor, avec des assises françaises des années 1940 et des jardinières en céramique (La Madeleine). Lanterne contemporaine en métal et en verre (Jamb London).

© Victor Stonem

Teintée d’un esprit japonisant, monacal et dépouillé, la chambre se révèle être le fantasme d’une cabane en bambou au bord de la mer. Sol en coco tressé, revêtement mural en paille et tapis persan donnent la réplique à une tête de lit ciselée en forme de vagues, un moyen de briser les lignes droites qui régissent la pièce, tout en faisant écho aux remous et à la houle de Miami, les pieds presque dans l’eau.

SUR LE BUREAU en bois verni, une lampe signée Josef Hoffmann. Au fond, dans la chambre, des panneaux de soie peinte à la main (Fromental) ornent les murs.

© Victor Stonem

ACCOLÉE AU PONTON où le propriétaire amarre son bateau, la piscine est entourée de bains de soleil aux tonalités vintage.

© Victor Stonem

LA SALLE DE BAINS, avec ses murs bleus et son tableau chiné, résonne comme une ode à la Sécession viennoise.

© Victor Stonem

DANS LA CHAMBRE, des murs revêtus de paille confèrent à la pièce une atmosphère sereine, presque japonisante. Au-dessus d’une tête de lit en vagues dessinée par Fabrizio Casiraghi, une icône appartenant aux propriétaires.

© Victor Stonem

L’ARCHITECTE D’INTÉRIEUR Fabrizio Casiraghi.

© Victor Stonem