À Saint-Tropez, une maison de 600 m² (presque) sur la place des Lices
Ce qui m’a tout de suite plu, c’est ce terrain plat de plus d’un demi-hectare, chose rarissime à 500 mètres de la place des Lices, avec des vignes là depuis toujours... », s’enthousiasme Stéphanie Coutas. Et c’est vrai qu’il fait bon déambuler dans cette promenade qu’elle a imaginée avec jardin sec de lavande, olivier centenaire, vaste pelouse, petite roseraie et vignoble de poche. Un terrain de pétanque longe la piscine et son mur en pierre sèche, un jardin rouge en côtoie un autre, plus chill, où boire un verre de rosé au coucher du soleil. Un autre encore, à l’arrière de la maison, est plus cosy, plus tranquille. Et, toujours, des étendues de pelouse et cette impression d’espace et de nature... à cinq minutes à pied du village.
Cette maison, c’est aussi l’histoire d’une métamorphose. Celle d’une vieille fermette « sans beaucoup de cachet, aux pièces étriquées et basses de plafond », mais dont Stéphanie Coutas entrevoit le potentiel. Pour faire revivre la bâtisse, lui redonner son âme de bastide ancienne au naturel, tout commence par un sol en pierre brute vieillie et aux angles irréguliers. Seule la façade est conservée : derrière, tout est refait, la construction est surélevée et un niveau -1 ajouté, la surface est doublée de 300 à 600 mètres carrés. Partout, il s’agit de faire entrer l’extérieur en créant un lieu qui donne largement sur le jardin. C’est le sens des larges baies vitrées qui disparaissent dans les murs, gommant les frontières entre salon et bord de piscine, arbres et ombrage naturel.
Au faîte du salon toute hauteur, d’anciennes poutres de huit mètres de long, « difficiles à trouver » mais que l’architecte tient à introduire, comme la porte d’entrée en bois sculpté à la main dans un dégradé de bois du plus foncé au plus clair, ou les portes intérieures en bois griffé blanchi, dans un travail de textures et de tonalités naturelles qui font écho à l’atmosphère des maisons traditionnelles du Sud « dans ce qu’elles ont à offrir de plus joli ». Y sont associés des tons doux dans les enduits patinés, la chaux blanc cassé, des textures délicates à la fois brutes et minérales travaillées dans des courbes dont la douceur contraste avec les fenêtres en bronze foncé.
À la minéralité et ses camaïeux de blanc, beige et sable comme fil conducteur, Stéphanie Coutas insuffle la fantaisie à travers le mobilier et crée de la vie dans tout ce qu’elle aime : les objets, les tissus, les tapis… Les chambres sont des suites, certaines avec terrasse privative qui permet de s’isoler quand on le souhaite pour s’allonger, prendre un café et avoir, même lorsque la maison est pleine, son intimité. « C’est l’une des pierres angulaires du luxe d’aujourd’hui que de pouvoir offrir des espaces de quiétude pour des moments de repos.»
Chaque suite voit son ambiance outdoor accordée à celle de la chambre et à sa dominante de couleur. Dégradés d’ocre et de jaune avec terrasse assortie ici, terracota ou bleu glacier là, ou encore déclinaison de beiges avec des bleus beaucoup plus vifs dans une autre encore. Les tonalités de paille tissée sont privilégiées sur les murs et chaque tête de lit a son identité propre avec son papier peint, texturé chez Philipp Jeffreys, en bois et papier chez Élitis. Pour le reste, le marron et le blanc se déploient dans un esprit de matières naturelles et de plâtre en association avec le bois. Le mobilier est l’un de ces doux mélanges que l’architecte et décoratrice affectionne. Des suspensions sur grosses cordes naturelles répondent à une table de salle à manger aux pieds en micro-mosaïque de marbre et plateau en pierre, le tout dessiné par ses soins.
On croise ainsi des pièces réalisées sur mesure ou minutieusement choisies, tels ces abat-jour en laine brodée signés Fabien Ifirès, mais aussi des chaises de style Jeanneret ou des compositions de miroirs sur les murs... Des tableaux, des céramiques chinées, des jeunes artistes, « tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’une maison de vacances ». Une sculpture de Philippe Hiquily dans le salon, des bronzes, y compris dans le jardin tandis qu’autour de la piscine prennent place lounge chairs, tables basses et canapés d’extérieur issus de sa nouvelle collection outdoor. « Avec la vue mer depuis l’étage, on est dans le ciel et comme dans une maison de l’arrière-pays provençal conclut Stéphanie Coutas. Je réalise toujours mes projets en m’imaginant les vivre. Cette maison, je l’ai faite comme pour moi, j’aurais juste aimé la faire pour moi !