Visites privées

À Saint-Tropez, une maison de 600 m² (presque) sur la place des Lices

C’est à la renaissance d’une vieille bastide sans âme que s’est livrée l’architecte et décoratrice Stéphanie Coutas à Saint-Tropez, convoquant le meilleur du quiet luxury dans une oasis bucolique de fleurs, de vignes et de matières naturelles.
LA PISCINE est borde dun mur en pierre sèche côt vignes. Sur la terrasse des transats en bois massif sculpt et corde...
La piscine est bordée d’un mur en pierre sèche côté vignes. Sur la terrasse, des transats en bois massif sculpté et corde Sierra, (collection The Sun Experience by Stephanie Coutas), un pouf Rope en corde naturel et nubuck (Stéphanie Coutas) et un parasol (Unopiu). Derrière les transats, un banc beige et blanc réalisé sur mesure par la décoratrice.©Philippe Garcia

À Saint-Tropez, une maison de 600 m² (presque) sur la place des Lices

Ce qui m’a tout de suite plu, c’est ce terrain plat de plus d’un demi-hectare, chose rarissime à 500 mètres de la place des Lices, avec des vignes là depuis toujours... », s’enthousiasme Stéphanie Coutas. Et c’est vrai qu’il fait bon déambuler dans cette promenade qu’elle a imaginée avec jardin sec de lavande, olivier centenaire, vaste pelouse, petite roseraie et vignoble de poche. Un terrain de pétanque longe la piscine et son mur en pierre sèche, un jardin rouge en côtoie un autre, plus chill, où boire un verre de rosé au coucher du soleil. Un autre encore, à l’arrière de la maison, est plus cosy, plus tranquille. Et, toujours, des étendues de pelouse et cette impression d’espace et de nature... à cinq minutes à pied du village.

À L’OMBRE D’UN PLATANE, un fauteuil Eliott en bois massif sculpté et corde, tissu (Sunbrella) collection The Sun Experience (Stéphanie Coutas). À côté, une sculpture en marbre et bronze de Guy Buseyne.

©Philippe Garcia

Cette maison, c’est aussi l’histoire d’une métamorphose. Celle d’une vieille fermette « sans beaucoup de cachet, aux pièces étriquées et basses de plafond », mais dont Stéphanie Coutas entrevoit le potentiel. Pour faire revivre la bâtisse, lui redonner son âme de bastide ancienne au naturel, tout commence par un sol en pierre brute vieillie et aux angles irréguliers. Seule la façade est conservée : derrière, tout est refait, la construction est surélevée et un niveau -1 ajouté, la surface est doublée de 300 à 600 mètres carrés. Partout, il s’agit de faire entrer l’extérieur en créant un lieu qui donne largement sur le jardin. C’est le sens des larges baies vitrées qui disparaissent dans les murs, gommant les frontières entre salon et bord de piscine, arbres et ombrage naturel.

UN CHEMINEMENT dans la verdure, imaginé comme une promenade, mène à la maison.

© Philippe Garcia

LA VUE DEPUIS L’ÉTAGE est sans pareil, entre vignes, pins et mer. Devant une table de jeu en cuir turquoise (Hector Saxe), des chaises en corde Ella (collection The Sun Experience by Stephanie Coutas).

©Philippe Garcia

Au faîte du salon toute hauteur, d’anciennes poutres de huit mètres de long, « difficiles à trouver » mais que l’architecte tient à introduire, comme la porte d’entrée en bois sculpté à la main dans un dégradé de bois du plus foncé au plus clair, ou les portes intérieures en bois griffé blanchi, dans un travail de textures et de tonalités naturelles qui font écho à l’atmosphère des maisons traditionnelles du Sud « dans ce qu’elles ont à offrir de plus joli ». Y sont associés des tons doux dans les enduits patinés, la chaux blanc cassé, des textures délicates à la fois brutes et minérales travaillées dans des courbes dont la douceur contraste avec les fenêtres en bronze foncé.

DANS L’ESCALIER, Épicurienne, une sculpture en acier de Philippe Hiquily. Suspensions en corde et abat-jours brodés lin, laine et bouclette (Stéphanie Coutas).

©Philippe Garcia
Un esprit de matières naturelles

À la minéralité et ses camaïeux de blanc, beige et sable comme fil conducteur, Stéphanie Coutas insuffle la fantaisie à travers le mobilier et crée de la vie dans tout ce qu’elle aime : les objets, les tissus, les tapis… Les chambres sont des suites, certaines avec terrasse privative qui permet de s’isoler quand on le souhaite pour s’allonger, prendre un café et avoir, même lorsque la maison est pleine, son intimité. « C’est l’une des pierres angulaires du luxe d’aujourd’hui que de pouvoir offrir des espaces de quiétude pour des moments de repos.»

DANS LE SALON, sur une table basse Olympia en marbre (Galerie Stéphanie Coutas), une céramique blanche (Marik Korus), une coupelle et des petits objets en bronze (Galerie Stéphanie Coutas), ainsi qu’un petit totem en porcelaine émaillé vert (Marc Albert). Autour, deux canapés Kate (Galerie Stéphanie Coutas), un pouf carré Bukhara en tissu (Loro Piana), un pouf Rope en corde naturelle et nubuck (les deux Galerie Stéphanie Coutas) et une table bout de canapé, piece unique de Paul Kingma. À gauche, derrière un babyfoot en noyer (Teckell) une lampe Puzzle en marqueterie de chêne et abat jour laine et raffia (Galerie Stéphanie Coutas). Sur le banc de la cheminée, une lampe en grès émaillé 1970, abat-jour en laine et cuir sur mesure. Tableau Trois Frères d’Aline Gagnaire, 1966.

©Philippe Garcia

Chaque suite voit son ambiance outdoor accordée à celle de la chambre et à sa dominante de couleur. Dégradés d’ocre et de jaune avec terrasse assortie ici, terracota ou bleu glacier là, ou encore déclinaison de beiges avec des bleus beaucoup plus vifs dans une autre encore. Les tonalités de paille tissée sont privilégiées sur les murs et chaque tête de lit a son identité propre avec son papier peint, texturé chez Philipp Jeffreys, en bois et papier chez Élitis. Pour le reste, le marron et le blanc se déploient dans un esprit de matières naturelles et de plâtre en association avec le bois. Le mobilier est l’un de ces doux mélanges que l’architecte et décoratrice affectionne. Des suspensions sur grosses cordes naturelles répondent à une table de salle à manger aux pieds en micro-mosaïque de marbre et plateau en pierre, le tout dessiné par ses soins.

LE SALON donne largement sur la piscine, les vignes et les pins. Entre deux baies vitrées, la sculpture La Chute d’Icare d’André Willequet, 1955. Au premier plan, deux tables Mini Cambium en bronze et chêne scié en version ronde et carré (Galerie Stéphanie Coutas). Sur le canpé, un coussins Œil peint à la main sur textile ancien (Mathilde Labrouche).

©Philippe Garcia

On croise ainsi des pièces réalisées sur mesure ou minutieusement choisies, tels ces abat-jour en laine brodée signés Fabien Ifirès, mais aussi des chaises de style Jeanneret ou des compositions de miroirs sur les murs... Des tableaux, des céramiques chinées, des jeunes artistes, « tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’une maison de vacances ». Une sculpture de Philippe Hiquily dans le salon, des bronzes, y compris dans le jardin tandis qu’autour de la piscine prennent place lounge chairs, tables basses et canapés d’extérieur issus de sa nouvelle collection outdoor. « Avec la vue mer depuis l’étage, on est dans le ciel et comme dans une maison de l’arrière-pays provençal conclut Stéphanie Coutas. Je réalise toujours mes projets en m’imaginant les vivre. Cette maison, je l’ai faite comme pour moi, j’aurais juste aimé la faire pour moi !

DANS LA SUITE PRINCIPALE, toute en déclinaisons de beige, paille et bleu glacier, la tête de lit et les tables de chevet, comme les coussins brodés Hommage à Cocteau sont signés de l’architecte et décoratrice. Lampe en céramique et abat-jour en paille (Atelier HD). Tapis (Édition 1.6.9).

©Philippe Garcia

LES SALLES DE BAINS sont toutes habillées d’un sol en travertin brossé clair à la douceur matiérée. À côté d’une baignoire Céline (Devon & Devon), une table Mini Cambium en bronze doré et pied en palmier (Galerie Stéphanie Coutas). Au fond, au-dessus d’un fauteuil Mathilde (Galerie Stéphanie Coutas), un miroir en noyer sur un mur revêtu d’un papier peint en paille (Porada). Robinetterie (Gessi).

©Philippe Garcia

L’ARCHITECTE STÉPHANIE COUTAS devant une composition de sept miroirs-sorcière en plâtre (Vincent Vauban). Banc Piazza Navona en travertin massif et assise en cachemire réalisé sur mesure par Stéphanie Coutas.

©Philippe Garcia