Le pied-à-terre parisien tant rêvé d’une architecte d’intérieur
Qui n’a jamais rêvé de s’installer dans un pied-à-terre sur la rive gauche ? Si ce fantasme romantique est presque universel, rares sont ceux qui parviennent à le concrétiser. Ce n’est pas le cas de l’architecte d’intérieur américaine Fawn Galli qui, après avoir séjourné dans la capitale française comme jeune fille au pair, vient tout juste de mettre la touche finale à l’appartement parisien de ses rêves.
« Paris a toujours été très spécial pour moi », confie la New-Yorkaise. « Quand j’y vivais dans ma vingtaine, je me disais sans cesse qu’un jour, je réussirais et que je reviendrais y acheter une maison. Mais une fois rentrée aux États-Unis, j’ai laissé cette idée de côté et j’ai tourné la page. » Pour Fawn Galli, tourner la page signifiait se lancer pleinement dans sa carrière d’architecte d’intérieur, aujourd’hui florissante. Elle a d’abord fait ses armes chez des géants de l’industrie comme Robert A.M. Stern et Peter Marino, avant de fonder sa propre entreprise éponyme. Elle y a bâti une clientèle fidèle, séduite par son style éclectique et son audace dans l’usage de la couleur.
« Après des décennies de travail acharné, le rêve parisien est revenu me hanter. Mon fils partait à l’université, le dollar était fort, alors je me suis dit : “Ça y est, je vais le faire. Je vais enfin aller à Paris et acheter un appartement” », se souvient Fawn Galli. Au départ, elle envisageait un simple pied-à-terre : une chambre, peut-être deux, idéalement dans un arrondissement central comme le 5e. Mais au cours d’un week-end éclair, durant lequel elle a visité quatre biens en une seule journée, elle a trouvé celui de ses rêves : un appartement haussmannien de trois pièces près de Saint-Germain-des-Prés.
Séduite par les corniches sculptées, les parquets à chevrons couleur miel et les boiseries magnifiques, elle a tenu à conserver autant que possible l’architecture d’origine dans son projet. Avec l’aide de l’Atelier UNDO, une agence d’architecture locale, elle a restauré et rafraîchi les éléments existants, repensé l’agencement pour ajouter une chambre supplémentaire et ouvert les volumes autrefois étouffants pour laisser entrer la lumière dorée de Paris.
Une fois la structure en place, Fawn Galli a donné libre cours à son éclectisme coloré. Elle a commencé par le salon, avec ses hautes fenêtres et sa cheminée d’origine en marbre blanc, où elle a adopté une palette de couleurs turquoise et jaune citron, inspirée d’un tapis à motifs abstraits qu’elle a conçu sur mesure pour sa propre marque, Fawn Galli Interiors. « J’ai fait fabriquer le pouf juste en face de l’appartement », dit-elle en parlant de ce bloc aux teintes contrastées, tapissé du tissu Splat Lilac de Martyn Thompson pour The Future Perfect, associé à un jaune percutant signé Hermès. Elle a ensuite équilibré l’ameublement lumineux avec des pièces aux tons plus neutres trouvées dans les nombreux marchés aux puces de Paris. Parmi elles, un fauteuil vintage Raoul Guys des années 1950, un canapé Beka des années 1970 et une table antique en travertin qui sert de point d’ancrage à la pièce.
L’architecte d’intérieur a suivi une approche similaire dans la salle à manger, en équilibrant les détails originaux délicats avec des meubles en bois terreux – une longue table de salle à manger vintage et des chaises assorties avec des dossiers en corde liée – ainsi que des textiles personnalisés ludiques, notamment un tapis d’extérieur coloré qu’elle a elle-même conçu dans la même palette de jaune et de turquoise que le salon.
Dans les espaces privés, en revanche, Fawn Galli a adopté une approche plus dynamique, éclaboussant les murs de couleurs et de motifs tout en laissant le mobilier jouer un rôle plus discret. Dans la chambre principale, elle a tapissé les murs d’un motif floral de Louise Jones et peint les armoires existantes dans une teinte profonde de violet aubergine. « Tout le monde me disait d’enlever les armoires, mais j’avais besoin d’espace de rangement et je ne voulais pas gaspiller le budget pour en construire d’autres », explique l’architecte d’intérieur. « Je me suis donc contentée de les peindre et de changer les ferrures. » À partir de là, une paire de fauteuils club en bouclette vintage blanc s’est imposée comme un choix évident, ajoutant une touche de texture discrète à ce boudoir intime.
Toute restauration historique implique inévitablement de réparer les erreurs du passé, et dans cet appartement, il y en avait beaucoup. Dans ce qui était autrefois le dressing, situé dans l’antichambre de la suite principale, plusieurs fenêtres avaient été scellées sous la boiserie. Fawn Galli les a naturellement libérées et a utilisé l’espace pour créer une deuxième chambre. Les fenêtres nouvellement exposées diffusent désormais la lumière du jour à travers un petit couloir et un ensemble de portes vitrées qu’elle a dénichées sur un marché d’antiquités.
Depuis l’achèvement des travaux l’année dernière, les fréquents voyages de Fawn Galli à Paris sont devenus une importante source d’inspiration pour sa pratique. « Je m’y rends pour trouver des tissus ou des antiquités pour mes clients », explique-t-elle. « Ou je me promène dans des galeries comme celles d’India Mahdavi ou de Pierre Yovanovitch. » Mais au-delà du travail, l’appartement représente quelque chose de profondément personnel. « C’est quelque chose qui m’appartient. Je l’ai mérité, et je l’aime. »
Article initialement publié dans AD US.