Lors de la rénovation d’une maison de ville de 1910, située à New York, dans l’Upper West Side, la cuisine devait en être la pièce maîtresse. « Nous voulions mettre en valeur une luxueuse cuisine verte, que nous considérions comme le cœur inévitable de notre maison », explique Shea Buckner, le propriétaire. Matt Bidgoli, moitié du duo Perifio Interiors avec son partenaire Raphael Portet, était heureux de faire de ce rêve une réalité. Le fait que les propriétaires soient des créatifs – Shea Buckner est acteur et sa fiancée, Martyna Frankow, mannequin – a été un atout majeur pour le projet. « Ils sont très réceptifs à l’univers des couleurs », souligne l’architecte. « Ils recherchaient quelque chose de classique, avec une touche de modernité et un style pleinement vivable. »
Le couple a découvert le travail de Perifio Interiors en tombant sur des images d’une maison récemment achevée dans la région rurale de l’Hudson, dans l’État de New York. Présentés lors d’une soirée chez un ami commun, ils ont immédiatement su qu’ils avaient trouvé les bons architectes pour leur nouvelle maison de 75 mètres carrés, située à quelques pas de Central Park – le tout premier projet de l’agence à Manhattan. « Martyna et moi sommes tout de suite tombés sous le charme de l’histoire incroyable des brownstones d’avant-guerre qui bordent la rue », raconte l’acteur. Mais la maison n’était pas une page blanche : d’importantes rénovations s’imposaient.
Les rénovations structurelles ont duré un an et demi. Les plafonds vertigineux de l’appartement apportaient une certaine grandeur à la surface réduite, mais l’espace nécessitait de nouveaux murs – tout en conservant une partie des briques d’origine –, un nouveau parquet, une salle de bains entièrement rénovée et une nouvelle cuisine dotée d’un îlot central. « Il était essentiel de préserver le caractère d’origine de la période d’avant-guerre et de mettre en valeur les plafonds de six mètres de haut, tout en trouvant un équilibre avec une esthétique contemporaine », explique Shea Buckner.
Les fenêtres en acier qui donnent sur la rue bordée d’arbres font partie des éléments d’origine soigneusement préservés. Pour créer un équilibre, une nouvelle banquette en velours Kravet a été installée devant ces fenêtres ; elle peut également servir de lit de repos.
Ce siège est un parfait exemple de la façon dont un obstacle de conception a été surmonté, en alliant fonctionnalité et esthétique. « Un autre point essentiel était de maximiser l’espace de rangement, car il n’y en avait pratiquement aucun », explique Matt Bidgoli. « C’était un véritable défi. » La solution à cette problématique a pris la forme d’une menuiserie hautement spécialisée. Un exemple : « Une banquette de salle à manger sur mesure, qui fait à la fois office de rangement et d’assise, car Shae et Martyna adorent recevoir leurs amis et leur famille », poursuit l’architecte.
À l’étage, dans la chambre du loft, l’ajout de rangements s’est traduit par la création d’un bureau sur mesure, l’installation d’un mur de placards qui n’existait pas auparavant et, dans la salle de bains, l’intégration « d’un meuble-lavabo sur mesure [de Tedd Wood] aussi grand que possible sans compromettre l’esthétique », précise Matt Bigdoli. Au rez-de-chaussée, un espace de rangement caché sous l’escalier a également été aménagé. « L’attention portée par Perifio Interiors à la fonction tout en incorporant de manière réfléchie de magnifiques meubles et objets d’art provenant du monde entier a permis à l’espace de se fondre en une seule maison cohérente sur les trois étages », souligne Shea Buckner.
En raison de l’espace limité, chaque meuble et chaque œuvre accrochée au mur a eu un impact décisif. Dans le salon, l’objectif était de mettre en valeur une rare cheminée à bois – un élément peu courant à Manhattan –, ce qui a conduit à l’installation d’un canapé bleu marine de Maiden Home, d’un plaid Missoni Home et d’une table basse en noyer réalisée sur mesure, placée juste devant.
Non loin de là, au niveau de la banquette sur mesure flanquée de chaises J39 de Børge Mogensen – clin d’œil au goût prononcé du couple pour le design danois mid-century –, plane une peinture T289 de Frédéric Heurlier Cimola, acquise chez Amélie du Chalard, « une galerie fantastique de SoHo », selon Matt Bidgoli. L’œuvre comporte une bande vert émeraude qui fait écho au marbre de la cuisine, ainsi qu’à une teinte historique de Sherwin-Williams, Low Green, utilisée sur les murs de cette même pièce. « Je voulais utiliser ces couleurs saturées pour faire vibrer l’espace », explique l’architecte.
Dans l’ensemble, la palette de la chambre du loft à l’étage se fait plus douce et apaisante, tout en conservant un lien avec la couleur emblématique de la maison. « Nous avons évité les teintes saturées et profondes afin de privilégier un espace propice au repos et au bien-être », explique Matt Bidgoli. « J’ai ajouté des touches de couleur très subtiles, ainsi qu’un rappel du vert de l’étage inférieur, que l’on retrouve dans le tableau de Joe Henry Baker au-dessus du lit et dans le long coussin posé dessus. Dans le même esprit, nous avons opté pour un papier peint d’inspiration japonaise, très discret, et peint les placards en vert sauge. »
Un escalier en colimaçon mène à la chambre, où un nouveau mur de fenêtres en acier – équipé de stores occultants automatiques dissimulés, bien sûr – reflète les ouvertures d’origine du rez-de-chaussée, tout en laissant entrer la lumière naturelle en journée. Le loft devient ainsi une véritable oasis, tout en demeurant pleinement intégré à cette maison de trois étages. Lorsque des invités sont de passage, les stores peuvent être complètement fermés pour éviter les regards indiscrets. « On a vraiment un sentiment d’intimité », souligne le concepteur. « C’est comme un petit monde à part, là-haut. »
Article initialement publié dans AD US.