Située à la croisée du désert et de la côte, sur un éperon rocheux qui s’élève au-dessus de la mer, cette maison ressemble à la proue d’un navire. Elle offre des vues panoramiques sur la baie, tandis que la plage se trouve à quelques pas. Construire sur la falaise était l’une des conditions posées aux architectes Victor Legorreta (en association avec Marcela Cortina) et Gloria Cortina, chargés de donner vie à cette Casa Las Rocas, à Los Cabos. Un défi au regard de la complexité du terrain. La résidence présente ainsi deux visages : l’un, ouvert sur le paysage, accueille les espaces sociaux extérieurs – terrasse, piscine, foyer – ainsi que des pièces intérieures, comme le salon ; l’autre, plus intime, se révèle dans des jeux de lumières et d’atmosphères tout en retenue.
« La façade donnant sur la rue est petite ; nous voulions créer une série de murs pour plus d’intimité », explique Victor Legorreta. L’entrée est une boîte rose, presque secrète ; à l’inverse, côté mer, la maison s’ouvre pleinement, avec une piscine qui surplombe les rochers. « Avec ce type d’habitation, la vue à couper le souffle peut être une source de satisfaction immédiate, mais quand on y vit on manque d’intimité. Un effet redoublé la nuit, où le paysage marin est absolument noir », confie l’architecte. Le hall d’entrée, avec son jeu de lumières zénithales, le patio au sous-sol et le jardin intérieur se veulent ainsi plus isolés, parfait pour la méditation. « Nous sommes convaincus que les vues du paysage sont plus belles lorsqu’elles sont encadrées, ajoute Victor Legorreta. C’est une façon de se l’approprier et de créer une fusion entre la nature et nous. » Outre la puissance des rochers, l’une des principales sources d’inspiration – et l’une des exigences du propriétaire – était de développer une identité mexicaine contemporaine. Gloria Cortina s’est alors demandé « ce qu’une maison à Cabo San Lucas devait refléter de la conception mexicaine d’aujourd’hui, en termes de design et de confort. Nos deux agences en ont discuté, et la collaboration s’est très bien déroulé. »
Une dynamique naturelle due en partie au fait que, 25 ans auparavant, Gloria Cortina travaillait dans l’agence dirigée à l’époque par Ricardo Legorreta : « Je dirais qu’il existe une compréhension très profonde et particulière du langage Legorreta.» Pour elle, donner vie à un projet strictement contemporain, qui échappe aux références et aux concepts préconçus, a été le fil conducteur. « C’est ce qui a déterminé les proportions, la lumière et la façon dont la maison est habitée. C’est à nous qu’il incombait de poursuivre cette démarche jusqu’aux détails : les tapis, les textiles et la sélection des œuvres d’art. » La maison abrite ainsi des pièces emblématiques du design : des chaises de Clara Porset et Ricardo Legorreta, un meuble de Michael van Beuren, des carreaux de Francisco Toledo, ainsi que des meubles contemporains de designers comme Jorge Arturo Ibarra et Gloria Cortina elle-même. Des œuvres d’artistes tels qu’Abel Quezada Rueda complètent l’ensemble. Cependant, l’identité n’est pas seulement véhiculée par des objets concrets, mais aussi par les matières, avec la présence de pierre volcanique, de sève de cactus et de surfaces teintes à la cochenille. Si, au départ, la résidence n’avait pas de couleur, les architectes en ont ajouté au fil de la conception. Quant aux murs, ils ne sont pas seulement des séparations, ils sont aussi les garants d’un certain confort grâce à l’intimité qu’ils procurent.