Visites privées

L'hôtel particulier de Lenny Kravitz à Paris, un petit palais rock

C’est dans son hôtel particulier niché au cœur d’une impasse de la rive droite que Lenny Kravitz nous reçoit. Un petit palais du XXe siècle que le musicien, qui a aussi fondé sa propre agence de design, a façonné à son image : rock, glamour et cosmopolite – night-club privé inclus.
Lenny Kravitz pose dans l'escalier de son hôtel particulier parisien lHôtel de Roxie.
Lenny Kravitz pose dans l'escalier de son hôtel particulier parisien, l’Hôtel de Roxie. Il est vêtu d'un smoking Alexander Mcqueen. Piano à queue Kravitz en édition limitée signé Steinway & Sons.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing

Lenny Kravitz nous ouvre les portes de l’Hôtel de Roxie

Depuis qu’il a posé le pied à Paris pour la première fois en 1989, à 25 ans, afin de promouvoir son album Let Love Rule, Lenny Kravitz est amoureux de la ville. Au début des années 2000, il a ressenti le besoin d’y établir un pied-à-terre : « Un petit appartement d’une chambre donnant sur la Seine, où je pourrais écrire tranquillement », se souvient-il.

Lenny Kravitz pose dans l'escalier de son hôtel particulier parisien, l’Hôtel de Roxie. Il est vêtu d'un smoking Alexander Mcqueen. Piano à queue Kravitz en édition limitée signé Steinway & Sons.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Baptisé aujourd’hui Villa Roxy, l’hôtel particulier de Lenny Kravitz, situé dans le xvie arrondissement de Paris, date du début du xxe siècle. Avant de lui appartenir, il était la propriété de la comtesse Anne d’Ornano.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing

Un jour, l’agent immobilier lui dit : « J’ai quelque chose. Ce n’est pas ce que vous cherchez, mais il faut que vous le voyiez. » Ce « quelque chose » n’était autre que la demeure de la comtesse Anne d’Ornano, ancienne maire de Deauville, une propriété des années 1920 nichée dans une impasse verdoyante du XVIe arrondissement. « Je suis entré et j’ai su spirituellement que cette maison était la mienne », se souvient Lenny Kravitz. Transformer le majestueux manoir d’une aristocrate française en un refuge pour rockeur américain n’était pas une mince affaire. Mais le musicien avait les ressources nécessaires pour réaliser cette transformation : en 2003, il a fondé sa propre agence de décoration, Kravitz Design.

Dans le salon, autour d’une table basse d’Ado Chale des années 1970, un canapé de Milo Baughman, une paire de chaises (Kravitz Design) et de fauteuils (Studio Glustin). Tapis vintage Beni Ouarain. Défenses en bronze et bois sculpté de la tribu Bamiléké datant du XXe siècle. Buste en céramique rayée de Woodrow Nash.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Une collection d'œuvres d'art et de souvenirs

Il y a cinq ans, il s’est également associé à Steinway & Sons pour produire le Kravitz Grand, une édition limitée de pianos fabriqués à la main en érable dur, en ébène de Madagascar et en bronze, avec des sculptures en bois de style africain sur la caisse et les pieds. L’un d’eux trône au pied de l’escalier majestueux de son hall d’entrée, en face de l’œuvre Untitled (Black Figure) de Jean-Michel Basquiat peinte en 1984. Vêtu d’une veste en cuir noir, d’un t-shirt délavé, d’un jean usé et de chaussettes – « pas de chaussures dans la maison, merci » –, Lenny Kravitz se dirige vers le Steinway et joue quelques accords. Les notes se réverbèrent doucement sur les murs en stuc. « Le son ici est magnifique », dit-il en s’installant dans un fauteuil en tissu bouclette Scarface du Studio Glustin, dans la bibliothèque. Sur les étagères sont rangés des livres d’art, des Grammy Awards, des bottes de boxe Adidas ayant appartenu à Mohamed Ali et plusieurs paires de chaussures du parrain de la soul, James Brown : « J’aime l’idée de marcher dans les pas de quelqu’un. » Il s’enfonce alors plus profondément dans son fauteuil, un verre de curcuma-gingembre dans une coupe en cristal posé devant lui sur l’une des deux tables basses brutalistes en béton moulé et en résine conçues par Paul Kingma.

Dans le salon de la suite principale, un canapé de Giorgio Montani et une table basse de Gabriella Crespi. Le luminaire monumental Poliedri en verre de Murano a été réalisé par Carlo Scarpa (Venini) et provient d’un théâtre de St. Paul, dans le Minnesota.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing

Une affiche qui se trouvait dans l’appartement de ses parents lorsqu’il était enfant est accrochée au mur. « Tout est étudié pour être ni trop minimaliste, ni trop maximaliste. J’aime cet équilibre entre l’Afrique, l’Europe, l’afrofuturisme et les pièces midcentury, des éléments à la fois glamour et brutalistes. » Des éléments comme le portrait emblématique de Marilyn Monroe par Richard Avedon, posé sur une console Ambiguità de Lella et Massimo Vignelli, adjacente au palier de l’étage. Ou encore le canapé Terrazza des années 1970 en cuir beurré, conçu par Ubald Klug, dans le Lounge – la salle de projection souterraine –, face à une table basse exubérante en laiton et acier poli, dont le centre est rotatif.

Dans le salon, Lenny Kravitz est allongé sur un canapé Terrazza d’Ubald Klug (de Sede). Devant, une table basse avec centre rotatif de Massimo Papiri et une chaise 1705 de Warren Platner ( Knoll). Au mur, un portrait de Mick Jagger par Andy Warhol. Devant, une lampe Gold Gun de Philippe Starck.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing / Grooming par Angloma avec des produits YSL Beauty ; © 2025 The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, INC., Licensed by Artists Rights Society (ARS), New York
Un bar clandestin caché au sous-sol…

Les souvenirs de la famille et des amis restent toujours présents, tels des memento mori : le portrait de sa marraine Diahann Carroll dans la bibliothèque, les photos publicitaires en noir et blanc encadrées de sa mère dans une pièce attenante au grand salon, ou encore la veste en cuir encadrée de Miles Davis dans la galerie du sous-sol. Dans la salle à manger, le magnifique portrait d’Albert Roker, son grand-père, pris par Ruven Afanador, trône au-dessus du buffet Sculpted Front conçu par le designer Paul Evans. La pièce signature est la Chaufferie de deux étages, située dans les profondeurs les plus sombres de la maison, où l’artiste a créé une sorte de bar clandestin, avec de vieilles tables de bistrot françaises provenant des puces de Saint-Ouen, une boule à facettes allemande des années 1940 dénichée à Los Angeles, une grille de voiture chromée ornementale encastrée dans le mur de briques, et « un excellent système de sonorisation. Ma fille organise beaucoup de soirées ici. », précise-t-il. Désormais surnommée l’Hôtel de Roxie, du nom de sa mère, cette maison incarne clairement la philosophie du musicien en matière de design. « Maintenant, vous avez saisi la vibe », lance Lenny Kravitz en souriant.

Adaptation Sandra Proutry-Skrzypek

Sur le palier du grand escalier, de chaque côté d’un masque sculpté Songye, une paire de chaises de Jules Heumann. En face, un buffet mural brutaliste de Paul Evans, un miroir hollandais du XVIIe siècle et des appliques (Baccarat). Au fond, une photographie de Leonard Freed.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans la suite principale, sur un lit des années 1970 de Guido Faleschini
(i4 Mariani), une couverture en toile de boue du Mali. Au-dessus, un miroir Louis XVI. Lustre (Baccarat). Tapis berbères vintage.
© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans la salle de bains, une sculpture de Pedro Friedeberg des années 1970.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans la bibliothèque, devant un canapé de Giorgio Montani, une paire de tables de Paul Kingma et un fauteuil (Studio Glustin). À gauche, on devine un bar à disques de Paul Evans des années 1970 (Todd Merrill Studio). Au mur, au fond, un portrait de l’actrice et chanteuse Diahann Carroll, marraine de Lenny Kravitz, réalisé par Geoffrey Holder© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans la bibliothèque, des bottes provenant de la Collection James Brown (The Estate of James Brown).© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
La salle des vins est décorée d’un mix d’œuvres d’art et d’objets, dont une huile russe contemporaine représentant une femme portant un enfant, une lampe de table James Mont et un miroir du xviiie siècle.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans la Chaufferie, au-dessus de tables et de chaises de bistrot vintage provenant du marché aux puces de Saint-Ouen, une boule disco allemande des années 1940. Au mur, une photographie en noir et blanc signée Rovny© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans la Roxy Room, une série de photographie de l’actrice américaine Roxie Roker par Sy Kravitz, les parents de Lenny Kravitz.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing
Dans une des salles de bains pour invités, une chaise de Philippe Hiquily de 1975 et une table d’appoint d’Angelo Mangiarotti.© Réalisation Sarah de Beaumont assistée de Noelann Bourgade, photo Matthieu Salvaing