Depuis plus de trente ans, les Grands Prix de la Création de la Ville de Paris célèbrent l'excellence et l'innovation dans les domaines du design, des métiers d'art et de la mode. Ces récompenses sont une belle opportunité d’accompagnement et de développement pour les créateurs. Cette année, le Prix Émergent devient le Prix Révélation et le Grand Prix devient le Prix Engagement. Ces évolutions permettent non seulement de valoriser des talents artistiques et créatifs, mais aussi d’encourager les démarches entrepreneuriales innovantes qui répondent aux enjeux sociaux et environnementaux d’aujourd’hui. De même, la création du Prix Accessoires Bijoux, créé en partenariat avec Francéclat, permet de récompenser les projets de bijouterie et de joaillerie, un savoir-faire parisien emblématique.
Passionnée de textures, de matériaux et d’innovation, Wendy Andreu trace une voie personnelle, à l’écart des tendances, née de ses études à la Design Academy Eindhoven. Cette designeuse de 33 ans, également diplômée en métal à l’École Boulle, expérimente pour créer des meubles et des objets singuliers, radicaux. Elle travaille sur un textile ni tricoté ni tissé mais collé, qui ne nécessite aucun patronage, aucune couture, se prête à la 2D comme à la 3D, se moule et permet ainsi d'éviter toute perte de matière. Une innovation qui illustre sa démarche, elle dont le rêve est de créer un programme spécialisé dans la transformation de rebuts dans une école de design. Ça tombe bien, elle vient d'être approchée par l’École Boulle pour enseigner et transmettre son expérience. Parallèlement, elle se rend cinq semaines par an à Marseille pour mener un réflexion sur la production d’objets en verre à partir de déchets industriels afin d’éviter les pertes dans les processus de fabrication.
wendyandreu.com
Cette créatrice de 34 ans a grandi dans une famille d'apiculteurs dans les Alpes et s’est depuis toujours nourrie de cet environnement. Marlène Huissoud intègre les Beaux-Arts de Lyon puis la Saint Martin's School à Londres, son rêve, pour faire du design expérimental, du biodesign, de l'innovation. Son master en poche, elle ouvre son studio et rencontre le succès mais les insectes demeurent pour elle ses « principaux clients », visant à leur donner une voix, à souligner leur présence dans le monde. Création d'habitats pour les pollinisateurs, recherches sur les déchets d'insectes et leurs usages, elle célèbre leur existence. Un travail de fourmi, s’amuse-t-elle, car il faut passer des heures à agrandir l'échelle pour leur donner de la visibilité. Elle qui craignait, en se présentant, d'avoir une approche trop expérimentale, est heureuse que le jury ait reconnu un engagement qui tourne le dos « à un greenwashing très tendance ».
marlene-huissoud.com
L’objectif d’Antonin Mongin, 31 ans, est de faire entrer son savoir-faire unique sur la liste officielle des métiers d'art. C’est chose faite grâce à ce prix qui va apporter une visibilité à son travail sur les cheveux. Ce titulaire d’un doctorat en design revisite l’histoire de l’usage des cheveux en se replongeant dans les bijoux sentimentaux en cheveux du XIXe siècle, une pratique remontant au XVIIIe qui s'est endormie en Occident depuis et qui consistait à faire réaliser par un artiste spécialisé un accessoire ou un tableau avec des mèches d'un proche ou de soi-même. À l'époque, la photo n'existait pas et cela permettait de conserver un souvenir. Diplômé des Arts Décoratifs (ENSAD) en design textile, Antonin Mongin n'a rien d’un perruquier : il collabore avec de nombreuses maisons de luxe et adapte parfois ses techniques à d'autres fibres comme le crin de cheval ou le raphia. Il développe actuellement une fausse fourrure 100 % végétale, alternative à la traditionnelle fabriquée à base de plastique.
antoninmongin.contact@gmail.com
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Chercher, créer et transmettre sont les trois axes d’activité de Tony Jouanneau qui a fondé Atelier Sumbiosis en 2018. La passion habite ce designer produit diplômé de l'ESAD Orléans, formé à l'ennoblissement textile dans l'atelier de Tzuri Gueta et qui, pour développer des chimies propres dans ce domaine, a rejoint, en 2016, l'ENSCI - Les Ateliers dans le cadre d'un parcours sur l’écoconception, le biodesign et la biofabrication. Son domaine de recherche de prédilection : le phénomène de symbiose dans le vivant. Le chercheur-créateur de 39 ans voit rapidement son travail bien accueilli, nouant de nombreux partenariats : avec la Sorbonne Université sur des colorants textiles issus des squelettes et épines d'une certaine espèce d'oursins invasifs, ou encre une résidence au Japon à la Villa Kujoyama où il a fait dialoguer artisanat et innovation ainsi qu’une collaboration avec l'artisane Harumi Sugiura sur la coloration végétale au plissage…
atelier-sumbiosis.com
Le parcours de Lucille Thièvre, 33 ans, reflète bien les deux facettes de son travail : la maîtrise technique et le haut de gamme. Avec une mère mécanicienne dans la confection qui a éveillé sa vocation et un diplôme de l'École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne [aujourd'hui Institut Français de la Mode], elle fait ses débuts chez Hermès et Givenchy et crée sa marque en 2021, enchaînant les collections très remarquées, portée par sa sélection parmi les finalistes du Festival de la mode à Hyères en 2019. Ses pièces sensuelles, féminines, mais toujours inclusives et faciles à porter traduisent un travail de modéliste au service des lignes du corps. L'artisanat du verre fait aussi partie de la signature de cette créatrice entourée d'artisans talentueux avec lesquels elle développe des projets ensemble. Si Lucille Thièvre est sûre de ses choix, ce Prix est une véritable validation de son travail par ses pairs, important en matière de visibilité et de dynamique commerciale.
lucillethievre.com
Mossi Traoré est un créateur-entrepreneur à la fois décidé et tendre. Son objectif ? Faire de la haute couture avec les mères de son quartier. Et ce Prix, alors qu’à 39 ans, ce natif de Paris est bien installé avec sa marque Mossi et son école Les Ateliers d'Alix, il le prend comme une reconnaissance de la part de « sa » ville. Formé à l'école Modart International, il a consacré sa troisième année aux expériences : stage à l'Opéra Garnier, apprentissage auprès d'une couturière indienne à la Gare du Nord et d'un couturier africain en banlieue, virées à Milan et en Inde… Après des ups et des downs, il rebondit, crée son école et relance sa griffe en 2017. Aujourd'hui sa mode se caractérise par le souci d'être accessible, de former, de transmettre à travers ses vêtements, son école et des actions socio-culturelles avec des artistes. Il planche actuellement sur la transformation des déchets industriels en nouvelles fibres textiles. Un territoire d'engagement à conquérir, tout ce qu’il aime.
mossi.fr
Quand d’autres s’ennuyaient au lycée, Philéo Landowski multipliait les conventions de stages pour découvrir la mode de l’intérieur. Et ça a marché ! En 2017, il intègre Céline époque Phoebe Philo et passe du studio, à la chaîne et trame, bien décidé à tout comprendre du fonctionnement d'une marque de mode. Faisant son propre chemin, il se découvre un penchant pour la chaussure, l'objet, son aspect statique. Il planche donc sur des modèles de souliers et crée sa marque, Phileo Paris, en 2019. Adrian Joffe, président de Comme des Garçons, remarque son travail et décide de le distribuer chez Dover Street Market. Un soutien et un accompagnement précieux avec son incubateur, et notamment pour la logistique. Aujourd’hui âgé de 22 ans, le créateur voit ses collections distribuées dans une quarantaine de magasins dans le monde. Il signe chaque saison des collaborations avec Comme des Garçons et désormais avec Salomon ou encore Louis Gabriel Nouchi. Ce Prix, confie-t-il, plus qu’un soutien, va lui permettre de structurer son équipe.
phileo.paris
Kitesy Martin n'avait jamais travaillé dans l'univers du bijou avant de lancer sa marque en 2018. La créatrice, passée par l'ENSAAMA et les Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), était designer vêtements et accessoires chez Lacoste, Balmain, Balenciaga, Vuitton... Là, elle s'intéresse à toutes les fournitures, breloques, chaînes... inutilisées voire oubliées. C'est décidé, sa marque créera à partir de l'existant. Depuis, en intégrant les Ateliers de Paris, elle a pris le temps d'expérimenter d'autres pistes mais cet ADN est toujours là, notamment avec les mousquetons, qu’elle combine de façon étonnante avec du cristal ou des cordons, imaginant des associations inattendues, trouvant de nouveaux équilibres. Pour la quadragénaire, ce prix est plus qu’une magnifique reconnaissance, il vient conforter une belle dynamique pour la marque qui emménage dans de nouveaux locaux près de la Place Léon Blum et a pu passer à la production en série en rachetant des stocks dormants chez des fournisseurs, ne se contentant plus des pièces vintage trouvées chez des particuliers.
kitesymartinstudio.com
