Le Grand Mazarin, l'hôtel de la rentrée en avant-première
L’histoire du Grand Mazarin remonte au XIVe siècle, lorsque l’hôtel particulier est la propriété d’évêques successifs avant d’être démantelé en plusieurs habitations au XVIe siècle. Leslie Kouhana et Kimberley Cohen-Pariente, présidente et directrice artistique de Maisons Pariente, nous expliquent avoir dû réunir trois immeubles pour lui rendre son faste. Au cœur du Marais, à l’angle des rues des Archives et de la Verrerie, se dresse la première adresse citadine de leur collection d’hôtels après des ouvertures entre Méribel et le sud de la France (Crillon-le-Brave en Provence, Lou Pinet à Saint-Tropez, le Coucou à Méribel). Habituées à travailler main dans la main avec les grands noms de la décoration, elles invitent Martin Brudnizki à créer les intérieurs du Grand Mazarin.
Il y a, dans le décor, l’éclat et les détails d’une belle maison familiale, d’un hôtel particulier où l’on viendrait tenir salon. « L’imaginaire du Grand Mazarin est inspiré par l’hôtesse fictive d'un salon littéraire » confie Martin Brudnizki, qui drape les tapisseries au-dessus des lits façon baldaquin dans les 61 chambres et suites ; un clin d’œil médiéval à l’histoire du lieu. Soie miroitante, peinture murale dans le jardin d’hiver, franges dansantes accrochées au mobilier, menuiseries sur-mesure… Nous sommes chez un collectionneur qui aime recevoir. « Nous nous sommes inspirés des grandes Maisons de l'époque aristocratique, où des personnalités de la littérature, de l'art et de la musique se retrouvaient dans des résidences somptueuses pour s’adonner aux plaisirs des lettres et de la belle conversation » résume l’architecte d’intérieur. Curatrice, Amélie du Chalard fait converser peintures sur bois d’Europe de l’Est, collages, miroirs vintage et toiles chinées — parmi elles, une œuvre signée Claude Bonin-Pissarro côtoie celles de plus jeunes artistes.
De la piscine au jardin d’hiver, ils galvanisent le décor, rapidement mué en ode à l’artisanat d’art. Creusée dans les profondeurs du Grand Mazarin, sous les voûtes du XIVe siècle, la piscine revêt les fresques de Jacques Merle (Galerie Maestria Collection) sur les colonnes et au plafond. Fasciné par la mythologie grecque et ses créatures, il invite le personnage de Narcisse à être la vedette de son œuvre, inspirée par l’imaginaire de Jean Cocteau. Entre les murs du jardin d’hiver, l’artiste minorquine Sophia Pega orne les 12 fenêtres de motifs célestes. Au sommet de l’hôtel, un duplex de trois chambres avec un grand balcon filant domine le Marais, les toits parisiens en ligne de mire. « Le Grand Mazarin est à la hauteur de sa vocation, un hôtel particulier qui a toujours été là et qui sera toujours là, rassurant, amusant, impertinent » résume Kimberley Cohen-Pariente.
« La Datcha a été notre muse » explique Assaf Granit, chef étoilé à la tête du restaurant de l’hôtel, Boubalé — un surnom yiddish prisé des familles ashkénazes. Né à Jérusalem d'une mère allemande et d'un père polonais, il puise son inspiration dans ce double héritage culturel, dans ses racines et son enfance. « Mon lexique gastronomique est animé par mes deux grands-mères qui se sont échangé des recettes et les ont mélangées pour créer des assiettes réconfortantes et inédites » dit-il, nous conseillant à la carte les plats de ravioles d’Europe de l’Est. « Pour chaque raviole, nous adoptons des recettes ancestrales twistées de techniques culinaires françaises, infusées aux saveurs de Jérusalem. Qu'il s'agisse d'un Khinakli ou d'un Krepalach, chaque bouchée est un paradoxe » poursuit Assaf Granit, ambassadeur d’une cuisine ayant le goût du voyage. Le dialogue entre le studio de Martin Brudnizki et le chef est évident. Leur rencontre façonne le restaurant à la manière d’une datcha où l’art ornemental est roi, ponctué de touches orientales évoquant Jérusalem, d’effets de patine et de motifs végétaux des Ateliers Gohard. Aux confins du Grand Mazarin, un cabaret secret s’anime plusieurs soirs par semaine. Une seule contrainte, les téléphones portables y sont interdits… Ouverture (très) attendue le 7 septembre.
17, rue de la Verrerie, 75004 Paris, https://www.legrandmazarin.com