À l'est de l'Espagne, ce 55m2 est un écrin de pureté méditerranéenne
Il ne faut pas une grande surface pour créer un petit paradis, à condition de savoir s’y prendre. Et Paloma Bau en a le savoir-faire, sans tout démolir ni repartir de zéro. « Sans transformer radicalement l’agencement, ce projet relie la cuisine au salon pour ouvrir l’espace de vie, et réorganise certains éléments fixes dans les salles de bains afin d’optimiser au mieux la surface disponible », explique son agence.
L’atmosphère de l’espace a pourtant complètement changé : sur la plage de Dénia, en Espagne, ce 55m2 est devenu une oasis qui combine les influences méditerranéennes et asiatiques dans une parfaite cohérence. « L’accent a été mis sur la correction des aspects négligés que l’on trouve souvent dans les habitations conventionnelles : hauteurs de plafonds variables dues aux installations, chapes inutiles, piliers mal intégrés, associations de matériaux mal maîtrisées. Nous avons cherché à harmoniser cet aspect fragmentaire et à structurer visuellement et constructivement chaque recoin », explique l’architecte.
Pour ce faire, Paloma Bau a privilégié des meubles en maçonnerie, en pierre naturelle, en bois et en microciment. « Ces pièces prennent vie dans chaque recoin : elles émergent comme une marche qui invite à sortir sur la terrasse tout en servant de base généreuse au canapé ; elles s’élèvent sous la forme d’une arcade qui embrasse intimement l’espace cuisine ; elles se transforment en étagères qui délimitent subtilement la zone de rangement, et elles s’étirent en courbes organiques pour protéger les zones humides de la salle de bains. Dans la chambre principale, une tête de lit en maçonnerie encadre le lit avec une présence sereine », explique-t-elle.
Le marbre brun perle bouchardé, « matériau fétiche » de Pamela Bau, dont la texture rugueuse rappelle les galets polis par les vagues, trouve sa place dans les lavabos, les bancs et les tables, des surfaces qui invitent au toucher et à l’usage quotidien. Le chêne clair, quant à lui, apporte de la chaleur aux étagères et aux armoires, tandis que le microciment « embrasse toute la maison comme une seconde peau, unifiant les espaces et créant une continuité visuelle ».
Le résultat porte incontestablement la signature esthétique de l’architecte. Il ne pouvait en être autrement : la propriétaire de la maison est tombée sous le charme de Can Bau, le précédent projet de l’agence, et a souhaité retrouver la même sobriété et le même style dans la maison de son enfance, qu’elle a rénovée pour profiter des étés valenciens avec son mari et ses filles.
« L’atmosphère est essentiellement méditerranéenne, sublimée par la lumière et les matériaux. Ici, la beauté ne s’impose pas, mais se manifeste par l’équilibre, la sérénité et les textures qui apparaissent sous une lumière douce », explique l’agence.
« La décoration renforce la cohérence de l’ensemble. Des lins et des cotons naturels sont utilisés, combinés avec des tringles et des accessoires de couleur foncée qui créent un contraste », poursuit l’architecte. « Les pièces en céramique de Canoa Lab introduisent un savoir-faire artisanal qui dialogue avec le reste des matériaux. L’éclairage, conçu à partir de papier de riz et d’albâtre, ajoute une texture légère et diffuse, rappelant à la fois la lumière méditerranéenne et certaines atmosphères de l’esthétique asiatique. »
Ainsi, comme mentionné, le projet réunit ces deux traditions décoratives, d’où son nom, Mediterrasian. « La matière et la chaleur de la Méditerranée s’équilibrent avec la sérénité, la précision et le sens de l’ordre associés à l’imaginaire asiatique », explique Paloma Bau. Pour l’architecte, cette fusion se concrétise dans les matériaux, la neutralité de la palette, la sobriété des formes et le dialogue entre l’artisanal et le structurel, le tout créant un espace qui prolonge la détente du sable et de la mer jusque dans la maison.