Ernesto Neto tisse une installation immersive et gratuite au Grand Palais
Après avoir invité un serpent géant tissé de fils de coton à enlacer les escalators du Bon Marché, et avoir envahi le Centre Pompidou de sculptures en forme de gouttes suspendues, l’artiste brésilien Ernesto Neto dévoile une installation monumentale en crochet au Grand Palais. Décryptage de l'œuvre immersive à découvrir gratuitement dans le musée parisien.
Cet été, l’installation sensorielle Nosso Barco Tambor Terra de l’artiste Ernesto Neto débarque sous la nef du Grand Palais à Paris. Conçu en crochets, écorces et épices, l’œuvre vivante invite les visiteurs à parcourir et vivre l’installation comme une expérience immersive, où le corps devient partie intégrante d’un paysage organique, suspendu entre nature et spiritualité. Côtoyant les colonnes en fer forgé du Grand Palais, l’exposition cousue devient le théâtre créatif d’un dialogue poétique entre traditions amazoniennes et culture française, sous le signe franco-brésilien. Aux allures de navires ayant fait naufrage ou de forêt suspendue, les sculptures textiles mêlées aux odeurs de terre, de lavande et de cumin proposent un voyage olfactif et musical singulier. Sacs de riz, de maïs et de haricots sont parsemés et disséminés sous les filets colorés. L’installation multisensorielle « explore alors la continuité entre notre propre corps et celui de la Terre à travers la fabrication manuelle, les matériaux organiques et les techniques ancestrales, (…) et s’inspire de l’impact profond de la voile et de la navigation sur le monde, qui a modifié les relations entre les personnes et les lieux », décrit le musée.
Ses œuvres, semblables à des organismes vivants, connectent l’homme à la nature, à la mémoire collective, et à l’histoire des peuples autochtones. Le bateau évoqué dans le titre n’est pas seulement un moyen de transport ou un symbole d’exploration : c’est aussi une métaphore du déracinement, du colonialisme, et de la nécessité de réconcilier notre modernité avec des savoirs ancestraux souvent oubliés. En flottant entre ciel et terre, l’installation d’Ernesto Neto évoque un monde suspendu, fragile, mais profondément habité. Elle nous invite à ralentir, respirer, ressentir, et d’une certaine manière à réapprendre à écouter ce que la Terre murmure. Elle incite à renouer avec une forme de spiritualité douce, presque chamanique, où le toucher, l’odorat, le mouvement et le silence se transforment en vecteurs d’émotions et de connexion profonde. Dans une époque marquée par la crise écologique, Neto propose une forme d’art-réconciliation, un tissu de liens entre les hommes, les cultures et la terre. Loin des formats classiques de l’exposition muséale, son œuvre s’offre comme un espace de connexion, de guérison et de poésie partagée.
Une œuvre à découvrir gratuitement jusqu’au 25 juillet 2025 au Grand Palais, à Paris.
17, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris