Si la maison-galerie d’Ippolita Rostagno se veut éclectique, elle est également un modèle d’équilibre. Située à Brooklyn, la demeure rénovée, toute en couleurs et nouvelles perspectives, est le reflet fidèle du style de sa propriétaire. La créatrice de bijoux, collectionneuse d’art passionnée et co-fondatrice d’Artemest – le site de vente en ligne incontournable pour les inconditionnels de design et d’artisanat italiens – a trouvé dans la bâtisse fin XIXe siècle l’écrin idéal pour sa collection de meubles. Comme le précise Ippolita : « Il s’agit d’une brownstone tout à fait typique de Brooklyn. Ce sont des maisons mitoyennes dont le revêtement extérieur est constitué d’un enduit préparé avec une terre pouvant varier entre le brun et le terracotta. Elles doivent leur nom à cette couleur. Cette dimension historique, fin XIXe siècle, leur confère tout leur charme. »
Une maison sur plusieurs niveaux, éclectique mais équilibrée
Après deux rénovations majeures, la brownstone a été transformée en une résidence à plusieurs niveaux. « J’ai acheté la maison en deux étapes, d’abord le rez-de-chaussée et le premier étage, puis les deux supérieurs, explique la créatrice. Il y a eu deux rénovations avec deux architectes différents, mais j’avais des idées très précises sur ce que je voulais. »
En premier lieu, Ippolita s’est concentrée sur la création d’un espace de vie ouvert et chaleureux, dont elle a conçu la cuisine, la salle à manger et le salon. Grâce à la présence de grandes fenêtres qui baignent les lieux de lumière naturelle, l’espace est vaste et lumineux. « La zone adjacente à la cuisine est plus esthétique que réellement “confortable”, confie-t-elle. Le grand dessin de Kiki Smith me représentant avec ma fille Maya domine l’espace. En dessous, on a un canapé Cassina noir en cuir et en fer, flanqué de deux petits fauteuils. Une table basse en marbre d’Alimonti Milano complète le salon. »
La grande bibliothèque en bois et en fer conçue et réalisée sur mesure par Benjamin Bejorek recouvre les côtés d’une porte coulissante à deux battants en verre satiné et en fer séparant le salon intime avec la cheminée de l’espace de vie plus ouvert, adjacent à la cuisine. « Cet espace au-delà des portes coulissantes est réservé à la famille. Il y a deux grands miroirs sur les murs, un très grand tapis et une belle cheminée. L’une des particularités de cette pièce, ce sont ses fenêtres, je les ai fait fabriquer sur mesure en Italie. C’était un peu fou, mais je les aime beaucoup. »
La cuisine est le véritable cœur de la maison. Si la propriétaire aime à recevoir ses invités dans tout le rez-de-chaussée, elle adore cuisiner pour sa famille et ses amis et « bien souvent tout le monde finit ici, autour de l’îlot en marbre, ou sur le canapé qui lui fait face ».
L’alternance de couleurs chaudes et froides crée une palette de couleurs vibrantes
Concernant l’usage de la couleur, rien n’a été, bien sûr, laissé au hasard. Ippolita Rostagno résume ainsi son approche personnelle : « Mes goûts tendent légèrement vers le sombre, j’ai une prédilection pour les palettes de couleurs sombres, en particulier pour les éléments de mobilier : canapés, fauteuils, tables. »
L’une des principales lignes directrices de la rénovation était de respecter l’architecture originale du bâtiment tout en préservant, dans la mesure du possible, les détails historiques. Pour la seconde rénovation, la maîtresse des lieux a conçu un escalier en bois et en fer qui relie le piano nobile au troisième étage, tout le mur flanquant l’escalier est recouvert de stuc vénitien. « Un détail architectural qui donne le ton de la maison dès le premier coup d’œil. »
Une décoration en strates avec une touche italienne
La décoration combine des éléments d’époque diverses, des œuvres d’art, des couleurs vives et un mobilier sophistiqué, le tout agrémenté d’une touche italienne. « Le moindre recoin de la maison a été conçu ad hoc, comme la colonne qui mène à la cuisine, recouverte de bois, qui cache les petits appareils électroménagers et les produits de nettoyage, mais qui est encadrée à l’extérieur par de superbes carreaux de céramique décoratifs créés pour moi par le céramiste florentin Giovanni Vettori, aujourd’hui disparu. »
La chambre à coucher est un havre de paix où se distinguent un grand miroir réalisé par le sculpteur florentin Daniele Nencioni et le fauteuil Gaudenzio, le chef-d’œuvre de Giuseppe Rivadossi. Les murs blancs constituent une toile devant laquelle sont soigneusement disposés meubles et œuvres d’art, tous d’origine, de style et de matériaux différents, qui pourtant créent une harmonie parfaite. « J’aime soutenir les jeunes artistes à leurs débuts. Les murs sont couverts d’œuvres de jeunes inconnus et d’artistes déjà installés. »
Article initialement publié sur AD Italie.