Les fenêtres du salon plongent sur les pelouses bordées de tilleuls de l’esplanade des Invalides. Vue sur la façade de Jules Hardouin-Mansart à la rigueur empreinte de classicisme... Mais, à vrai dire, l’appartement dispose de son ambiance propre, reflet de l’univers de sa propriétaire la décoratrice Stéphanie Coutas, de son parcours également. « J’avais envie d’un espace lumineux, paisible, épuré... Une sorte de cocon où je puisse me ressourcer en ces temps compliqués. J’ai dû déménager huit ou dix fois, tous les cinq ans environ, dans ma vie d’adulte. Chaque maison accompagne différentes étapes de la vie, les phases de construction comme les blessures ; on s’agrandit quand naissent les enfants, on bouge après un divorce... N’ayant aujourd’hui que mon fils avec moi, j’ai ressenti le besoin d’un lieu à taille humaine qui réponde à mon mode de vie. Je sors peu le soir, le petit bureau fait donc aussi office de home vidéo. Il peut également se transformer en chambre d’amis. Les espaces sont modulables. »
Des portes coulissantes permettent d’isoler occasionnellement bureau, salle de bains, chambre ou dressing. Il émane de cet intérieur de 224 mètres carrés entièrement ouvert une sensation de fluidité que renforcent des éléments architecturaux en entrelacs de courbes. Arches asymétriques en pourtour des portes, inserts de pavages de lave dans le parquet Versailles rythment l’espace pour lui insuffler force et douceur. « On a tout redessiné, tout repensé, tout cassé afin d’installer climatisation, isolation phonique, équipements sonores et autres technologies connectées. » L’éclairage met en lumière la collection acquise par la propriétaire au fil des ans. « Les œuvres sculpturales de l’artiste contemporain japonais Tadashi Kawamata conversant avec un masque africain dans la salle à manger sont les seules pièces que j’ai acquises spécifiquement pour cet appartement. Le tableau de Fabrice Hyber au-dessus de la cheminée du salon m’accompagne depuis plus de quinze ans. La sculpture en bronze de Michel Rico, composée de personnages se tenant la main, m’a été offerte par mes amis pour mes 40 ans. La pierre provenant du temple d’Angkor renvoie à mon enfance passée en Asie. Chaque objet reflète une étape de ma vie. »
Outre sa passion pour l’art, Stéphanie Coutas porte un grand intérêt au savoir-faire des artisans. À travers son agence fondée en 2005, la décoratrice se plaît à collaborer avec les meilleurs ferronniers, peintres décoratifs et autres marbriers tant sur des chantiers de résidences privées, que d’hôtels ou de restaurants. Son appartement est une démonstration du large champ des possibles offert par le staff. Bas-relief de paysage boisé onirique dans le bureau, bibliothèque sculpturale ou encore encadrements de portes aux lignes brisées dans le salon, autant de prouesses techniques. On retrouve également son goût pour les jeux de texture à travers son luxueux mobilier aux accents brutalistes, qu’il s’agisse de chaises en bronze patiné ou encore de la table de salle à manger modulable dont le pied se pare de paille l’été et de fourrure l’hiver. « J’ai volontairement disposé peu de pièces, j’aime l’idée d’évoluer dans un lieu serein... qui tranche avec ma vie professionnelle qui, elle, l’est beaucoup moins. »