Visites privées

À Paris, un appartement comme un petit château dans un hôtel particulier

Il revêt à la fois l’allure d’un petit château et d’une boîte à bijou en plein Paris. Pour ce pied-à-terre, l'architecte Maxime Bousquet s’emploie à brouiller les repères tout en sublimant la matière.
Dans le salon de l'appartement une banquette Ninetta  cohabite avec une table basse vintage dniche par Maxime Bousquet...
Dans le salon de l'appartement, une banquette Ninetta (Nilufar) cohabite avec une table basse vintage dénichée par Maxime Bousquet au Marché Paul Bert Serpette, circa 1940, tout comme la cheminée en pierre, chinée également et le tapis vintage chez Alberto Levi Gallery, 1940. Fauteuil d'Otto Schultz, édition Boet, circa 1940. Sur la cheminée, une paire de bougeoirs signés Jean Després, circa 1960. Les masques de Gio Ponti, édition Sabattini, datent de 1976, les œufs en céramique Ruelland, de 1970. Peinture de Tanja Nis-Hansen, collage de Sterling Ruby et dessin de l'artiste Ser Serpas.© James Nelson
Sur une console d'Osvaldo Borsan chez Cambi Casa d’Aste des années 1950, un vase de Roger Capron (1955) et une coupe Timballe de Jean Després (1960). Accrochée au mur, une toile du peintre Will Benedict.© James Nelson
Une perte de repères volontaire

Les repères s’estompent entre les murs de cet appartement situé à l’étage noble d’un hôtel particulier. Nous sommes dans le IXe arrondissement de Paris, dans l’ancienne demeure d’une demi-mondaine - comprendre une cocotte, à l’époque - dont les semblants d’une vie débridée ont inspiré l’architecte d’intérieur. « Les propriétaires nous ont donné carte blanche, j’ai entièrement décloisonné l’espace avant de puiser dans l’imaginaire de cette demi-mondaine » nous confie Maxime Bousquet qui livre le projet au terme d’un an de chantier.

Dans le salon de l'appartement, une banquette Ninetta (Nilufar) cohabite avec une table basse vintage dénichée par Maxime Bousquet au Marché Paul Bert Serpette, circa 1940, tout comme la cheminée en pierre, chinée également et le tapis vintage chez Alberto Levi Gallery, 1940. Fauteuil d'Otto Schultz, édition Boet, circa 1940. Sur la cheminée, une paire de bougeoirs signés Jean Després, circa 1960. Les masques de Gio Ponti, édition Sabattini, datent de 1976, les œufs en céramique Ruelland, de 1970. Peinture de Tanja Nis-Hansen, collage de Sterling Ruby et dessin de l'artiste Ser Serpas.© James Nelson

Les 80 mètres carrés de ce pied-à-terre haussmannien sont revus du sol au plafond, les moulures retirées ou remaniées, les parquets entièrement refaits. Dans ce salon où une cheminée vintage d’inspiration Moyen-Âge, avec ses figures de moines sculptées dans la pierre, cohabite avec une banquette en velours de la Nilufar Gallery, la toile Abracadabra de l’artiste Tanja Nis-Hansen donne le ton : difficile de dater l’atmosphère se dégageant de l’intérieur, presque mystique. Maxime Bousquet confronte les influences plurielles. Les fils rouges se délient, à l’image de l’utilisation du parchemin sur la table de salle à manger ou sur le mini-bar dont l’intérieur est étrangement paré d’un jeu de miroirs, des murs patinés revêtus de couches et de couches de teinture et de poudre d’or.

Dans la bibliothèque, un minibar en parchemin d'Aldo Tura, circa 1970, une paire d’appliques vintage des années 1950, un tabouret du designer Sigve Knutson. La chaise est signée Ico Parisi (1940).© James Nelson
La table en parchemin d'Aldo Tura est entourée d'assises d'Ico Parisi des années 1940. Minibar en parchemin d'Aldo Tura, paire d'appliques vintage circa 1950. Le vase est signé Jean Després, circa 1960.© James Nelson
Matière(s) puissante(s) et fonctionnalité

Pour ce couple de voyageurs, l’architecte n’hésite pas à théâtraliser les lieux ; le coin bureau installé face à un bow-window devient partie intégrante dans la chambre parentale une fois que les rideaux fauves sont tirés. Comme dans une suite d’hôtel, Maxime Bousquet distingue l’espace nuit du reste de la pièce à l’aide d’une stèle en marqueterie de paille. On y retrouve l’un des leitmotivs de l’appartement, un motif ondulant rappelant le mouvement de la houle à la fois sur la tête de lit en velours mais aussi sur le lustre en fer forgé des années 1950 jusqu’au décor de la cuisine. Faite de travertin persan aux tonalités pourpres, elle illustre l’un des penchants de l’architecte qui se plaît à jouer avec ce matériau au gré de ses différents chantiers.

Dans la chambre à coucher, un lustre couronne en fer forgé des années 1950 (Emmanuel Renoult à Paul Bert Serpette) cohabite avec une paire de consoles vintage des années 1940 (Regan Smith Gallery). Peintures de François Eberl.© James Nelson
Dans la chambre, une toile du peintre François Eberl est posée sur la table de chevet.© James Nelson

« J’ai choisi de poser une crédence très haute pour sublimer la puissance des matériaux » poursuit Maxime Bousquet avant d’expliquer comment il a retravaillé la loupe attenante de sorte à lui offrir une teinte début de siècle, semblable à de l’acajou. D’ailleurs, celui qui n’a pas peur de mélanger les touches chromées au laiton, n’en déplaise aux détracteurs, aime les associations inattendues. « Dans cette cuisine, la matière particulièrement riche évoque le passé tandis que le dessin du travertin et la ligne du plan de travail sont minimales » dit-il avant de conclure : « C’est la matière seule qui parle. » Bingo.

La cuisine est faite de travertin rouge, un matériau cher à l'architecte.© James Nelson