Le corpus artistique de l’artiste et designer Jaime Hayon englobe mobilier, intérieurs, sculptures et objets de collection. Son approche unique mêlant jeu, artisanat et innovation lui vaut une large reconnaissance internationale, tant en design que, depuis plusieurs années, en art contemporain. Répartie entre la piscine et le terrain de squash, l’exposition se déploie en deux temps. Dans la première, une large sélection d’objets et pièces de mobilier. Beaucoup ne sont pas fonctionnels mais décoratifs – des sculptures. Une rétrospective que Jaime Hayon appréhende comme une expérience, autant pour nous spectateurs que pour lui créateur. On peut donc y lire l’évolution de son processus de création puis d'association de ces objets. « C'est une sélection et, de façon très pratique, je me suis dit : “J'adore ça, on le prend, j'adore cette chaise, parce qu'elle est super bizarre, puis avec le cube, on va la mettre là…” C’est ainsi que toutes sortes d’histoires se racontent dans cette scénographie, car il y a toujours une histoire derrière les objets mais, bien sûr, c'est surtout très visuel. »
Un autre esprit habite la salle de squash, dans laquelle Jaime Hayon a souhaité recréer à l’identique son atelier de Valence, « le désordre en moins ». Cette scénographie révèle l’essence brute et personnelle de son imagination. « J'ai toujours dit que mon design n'est pas seulement fonctionnel, mais qu'il y a toujours derrière une histoire, une passion, une obsession. Les visites de musées, les voyages, les conversations avec des amis, parfois des conversations avec vous, les journalistes, que vous appréciez et qui me font réfléchir, qui me font rêver, qui me font revenir sur un sujet et lancer d’autres choses », confie avec toute sa franchise bienveillante le designer et artiste. Cet atelier, ce sont ses tripes, ajoute-t-il, sans le processus qui s’y déroule, il ne pourrait pas faire ce qu’il fait. Dans ce processus, il y a le dessin bien sûr et, depuis 6 à 7 ans, la peinture, discipline qu’il a redécouverte et redéployée en lien avec des galeries cette fois, donnant lieu à des expositions. La dernière a eu lieu lors d’Art Basel Miami, en décembre, « et elle a bien marché ».
Beaucoup des pièces que l’on voit ici sont des expérimentations. Le créateur travaille en expérimentant différents matériaux, commence avec un petit modèle, qu’il réalise et que tout le monde reconnaît rapidement puis il revient et le recrée dans des tailles ou une matière différente. « Lorsque j'ai commencé à créer des animaux, j’ai laissé reposer, et puis ce sont eux qui sont revenus vers moi, car c'est souvent comme ça que ça se passe. Et ces animaux racontent des histoires. » À l’exemple, des sculptures appelées Lost Pets. Des créatures qui nous regardent, toutes empruntées avec leurs chaussures en bois, qui cherchent quelque chose dans le futur qui n’arrivera jamais, car craignant de tomber elles n’avancent pas. Ou encore ce tableau – derrière le magnifique bureau en noyer – qui représente la fin de son mariage, sa séparation et son départ d’Inde en abandonnant tout, sur une créature verte mi-chien mi-on-ne-sait-pas : « Il s’appelle La Fuite. Car c'est ce qui se passe quand ça ne passe pas, on s'envole, on abandonne tout, parce que c’est maintenant, que l’on doit partir. » Peu importe que l'on appelle ça du design ou de la sculpture, conclut Jaime Hayon, l'important est de laisser sortir tout ce qui est en nous. Pas de doute, Le Miroir est une exposition profondément personnelle qui marque une étape clé dans la carrière de l’artiste et designer.
Le Miroir, jusqu’au 7 septembre 2025, 47, montée de Noailles, Hyères.
hayonstudio.com